Après la Guerre de Trente Ans, la Régence Royale installée à Brisach avait entrepris de réorganiser les rangs de la noblesse. Mais il faut attendre 1680 pour voir apparaître un registre intitulé "Aveux et dénombrements des fiefs de la province d'Alsace".
La première mention qu'il contient, relative au fief de Roppe, concerne la part de la maison de Wessemberg dépendant jusque là de la maison de Habsbourg.
En 1681, Robert Florian de Wessemberg, qui était devenu l'un des favoris de l'Empereur, avait reçu de lui le titre de baron du Saint-Empire et l'autorisation d'ajouter à son nom et à ses armes ceux de la famille d'Ampringen, dont il avait épousé la dernière héritière. Son frère, François, avait fait l'objet d'une lettre de M. de Louvois, qui écrivait le 26 mars 1683 au Premier Président du Conseil Souverain à Colmar : « J'ay receu votre lettre du 20 du mois passé ; puisque le Sr de Wessemberg ne loge point en Alsace et se trouve engagé dans le service d'un prince étranger, il est sans doute qu'il ne doit pas être admis à rendre les foy et hommage pour les fiefs situés dans cette province et dont il est propriétaire en partie. »
Cette situation avait pour conséquence la confiscation par la Couronne des alleux possédés en France par les Wessemberg. Le 2 septembre 1683, le Conseil Souverain ordonnait l'enregistrement d'une Lettre de don accordée à Bellegarde par Louis XIV, en juin de la même année, en faveur du sieur Albert L'Allemand, colonel d'un régiment pour le service de France. Par cet acte, le Roi lui conférait les villages de Liebentzwiller, la Chapelle et le tiers de la Seigneurie de Roppe « pour reconnoître les bons et fidels services de notre cher et bien aimé et lui donner les moyens de nous les continuer. » En ce qui concerne Roppe, il est spécifié que cette part du fief est celle qui a appartenu au sieur de Wessemberg, qui est décédé, et qu'elle est échue au Roi « par droit de succession et de confiscation faute par le dit sieur de Wessemberg d'être venu résider sur ses fiefs suivant la déclaration du mois d'août 1669 et autres précédens et s'estre engagé pendant son vivant dans les trouppes des princes étrangers et n'avoir rendu aucune foy et hommage pour raison des dits fiefs. »
Bien que résidant en terre étrangère, les Wessemberg n'avaient pas renoncé à leurs anciennes possessions alsaciennes. Dès l'année 1693, ils s'étaient opposés à la prise de possession de la terre de Liebentzwiller par Albert Lallemand. Le 9 novembre 1694, le baron Louis de Wessemberg d'Ampringen envoyait au Prince-Evêque de Bâle, Jean- Conrad de Roggenbach, un long mémoire dans lequel il protestait contre la spoliation.
Dans cette pièce, visant particulièrement un arriéré fief que ses auteurs avaient tenu de l'abbaye de Massevaux, il s'élevait contre la confiscation des autres fiefs alsaciens ; il rappelait aussi que, si sa famille avait été « déclarée incapable et inhabile pour jouir aucuns fiefs ou biens d'autre nature » situés en France, « faute d'être venue résider sur ces fiefs ou autres terres du Royaume », ses cadets, les Wessemberg de Feldkirch étaient allés habiter Fribourg et avaient obtenu ainsi la mainlevée de leur « incapacité et inhabilité » ; qu'enfin ils avaient été admis à rendre foy et hommage au Roi de France pour leurs anciens fiefs, et ce, dès l'année 1693.
En conséquence, le 1er février 1695, l'un d'eux, François de Wessemberg, « Grand Maistre de Porrentruy », assignait Albert L'Allemand, devenu entre temps mestre de Camp, à comparaître devant le Conseil Souverain pour se voir condamner à « se dessaisir et abandonner » tous les biens et droits qu'il avait reçus de la faveur du Roi par la lettre de don de juin 1683.
La mort de Lallemand vint fort à propos mettre fin au procès, et les Wessemberg reprirent, sans difficulté, possession de leurs anciens fiefs.
La ganerbie de Roppe se retrouvait entre les mains des trois familles qui la possédaient depuis 1507.
Par un acte d'enregistrement du 2 mars 1699, François-Joseph et Antoine de Reinach, seigneurs de Foussemagne, étaient mis en possession des biens nobles de leur père, François-Guillaume, qui avait reçu l'investiture en 1653. Ce dernier était décédé en 1683, mais ses fils n'avaient atteint qu'en 1699 l'âge exigé par le Code féodal pour la prestation du serment de vassalité. L'acte d'enregistrement donne minutieusement la teneur de leur part dufief de Roppe : « Le chasteau et granges avec verger qui peut faire nombre d'une fauchée » ; des terres ...« plus 40 livres de taille, plus 68 sujets qui doivent les corvées, pour chacun d'eux deux poulles annuellement, excepté ceux de Roppe, qui en payent trois ; plus leur part des dixmes de Roppe et Vétreigne, Perouse, Anjutté et Bettonvilliers avec leur part de la cire », plus les redevances en avoine et en bois. Il se terminait par l'observation que « le dit fief et dépendances est fief de quenouille, attendu que faute d'enfants mâles il retombe aux filles ».
En ce qui concerne la famille de Roppach, François Guillaume avait contracté mariage avec Marie-Catherine de Breiten-Landenberg, qui lui apportait des droits sur une part importante de l'ancien fief de Bavilliers, où l'un de ses ancêtres, au 16° siècle, avait déjà possédé 30 hommes à titre d'alleu.
Bavilliers était un ancien fief mouvant des comtes de Montbéliard, de qui il était passé successivement aux mains de Ferrette et d'Autriche, et enfin, en 1648, à la Couronne de France. Avec le consentement de l'archiduc Ferdinand, ses plus anciens tenanciers, les Morimont, l'avaient cédé en 1580 aux nobles de Hagenbach, qui l'avaient gardé jusqu'au commencement du XVIII° siècle. Leur dernier descendant, Jean-Christophe, avait obtenu du Roi que ses cousins, les Landenberg, en fussent investis conjointement avec lui. Lorsqu'il mourut, en 1705, ceux-ci lui succédèrent et, à ce titre, le fils de François-Guillaume de Roppach, mort en 1691 ou 1692, recueillit du chef de sa mère la terre de Bavilliers, qui vint accroître considérablement les importants domaines qu'il avait recueillis de la succession paternelle.
François-Guillaume laissait pour fils Jean-François-Conrad. II reçut l'investiture en 1692 et prêta à nouveau serment de vassalité à l'occasion de l'avènement du nouveau roi, en 1716. Il portait les titres de seigneur de Roppe, Essert et Bavilliers, et passait pour un des gentilshommes les plus riches de la Haute-Alsace.
Le fief d'Essert, qui comprenait un petit château et le village actuel de ce nom, avait fait partie, à l'origine, de la mairie d'Evette. En 1347, il avait été incorporé à la mairie du Haut-Rosemont, dépendant de la Seigneurie de Rosemont. Les nobles de Grammont, qui l'avaient tenu des Montbéliard, des Ferrette et des Habsbourg, l'avaient vendu aux comtes d'Ortembourg en 1566. A l'extinction de cette famille, en 1640, les Roppach, auxquels elle était apparentée, l'avaient reçu à titre d'alleu ; au cours du XVII° siècle, ils y avaient construit un petit château, qui existe encore aujourd'hui, et qu'ils vinrent fréquemment habiter.